Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/195

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cette Vindication of the right of women qui la place au rang des grands précurseurs. L’ouvrage est long, diffus, dit souvent en cent pages ce qu’il pourrait énoncer en quelques lignes, est tout le contraire, en un mot, des courts et vigoureux plaidoyers d’Olympe de Gouges et de Condorcet. Il part cependant du même esprit, et c’est, autant que l’expérience personnelle de son auteur, la Révolution française qui l’inspire. L’ouvrage est en effet dédié à Talleyrand, alors en train d’élaborer un plan d’éducation nationale réalisant pour les deux sexes l’égalité d’instruction.

La Revendication des droits de la Femme est en effet, dans son principe, l’exposé des idées de Mary Woolstonecraft sur l’éducation féminine. Car pour elle la réforme de l’éducation est la clef de tout le problème féminin.

Jusqu’ici, observe-t-elle assez finement, c’est en tous les pays, dans toutes les classes de la société, les idées étroites de Rousseau qui trouvent dans l’éducation des filles leur application. Or il n’est pas toujours possible à la femme, constate Mary Woolstonecraft, d’être épouse et mère. Combien de jeunes filles, de condition modeste ou misérable, sont, quelquefois par goût, mais bien plus souvent contre leur volonté, tenues éloignées du mariage ! Que vont-elles devenir, que deviennent-elles en effet, si le gouvernement ne pourvoit pas au sort des jeunes filles honnêtes et indépendantes « en les engageant à prendre des états respectables » ? Combien de douleurs, de misère — et d’immoralité — viennent de l’impossibilité où se trouve la femme pauvre de gagner honorablement sa vie ! Et que de forces per-