Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/203

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avant trois mois furent prêts dans quinze jours[1]… » Les femmes de Villeneuve-sur-Lot emploient leurs veillées d’hiver à tricoter des bas de laine destinés aux volontaires… ; celles du district d’Auxonne lancent une véritable avalanche de chemises, de culottes et de bas… ; les citoyennes de Chaumont envoient aux armées, « tant en chemises qu’en charpie, quinze mille livres pesant de linge ». Les citoyennes de Neuilly, toujours animées de l’amour de la patrie, jurent à la Convention « qu’elles sont toutes décidées à faire du salpêtre, à cultiver la terre et à faire la moisson ».

Prêtes à travailler pour la liberté, et au besoin à la défendre, les Françaises exercent, en maintes circonstances, leurs droits de citoyennes. Ces droits, l’Assemblée Constituante et l’opinion commune semblaient, dans une certaine mesure, les leur avoir reconnus. Car, si pour nous les droits de citoyen se réduisent à l’attribution de la carte électorale permettant de déposer un bulletin dans l’urne et à la possibilité de siéger en une assemblée, les hommes et les femmes de la Révolution les concevaient d’une façon bien autrement large. Délibérer au forum, envoyer au « Sénat » les plus sages pour gouverner l’ « empire », mais aussi prendre part à ces cérémonies grandioses où les citoyens scellent de leur amour fraternel le pacte national, manifester sur la place publique l’attachement aux institutions libres ; descendre dans la rue pour mettre en déroute les aristocrates, inculquer au cœur de l’enfance les vertus civiques, et, dans les clubs, représentation non

  1. Lasserre, Participation collective des femmes à la Révolution.