Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/205

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charpe tricolore, parfois rehaussant, comme le firent de jeunes Lyonnaises, la grâce de leur sexe d’un appareil guerrier, se déroulèrent à l’ombre des antiques cathédrales, au pied des remparts féodaux ou, en pleine nature, le long d’un fleuve majestueux, avant d’apporter sur l’autel de la Patrie l’hommage de leur reconnaissance pour les bienfaits de l’auguste assemblée et le serment de respecter la constitution et de la faire aimer par leurs fils et leurs neveux. Les jeunes Alsaciennes, celles-ci de blanc vêtues comme des fiancées, celles-là portant le pittoresque costume national, jupe noire, corset vert, montant de l’Ill et du Rhin sur la prairie en fleur, les Parisiennes prenant la pioche et la pelle pour les terrassements du Champ-de-Mars, puis, couronnes civiques en tête, groupées au pied de l’autel où le roi prête son illusoire serment, voilà les incarnations les plus gracieuses du patriotisme des Françaises.

Bientôt apparaissent les clubs des sans-culottes des deux sexes, tel celui de l’Harmonie sociale, tel surtout le Club des citoyennes révolutionnaires, fondé en janvier 1793 par Claire Lacombe. Celle-ci est, avec Olympe de Gouges, Théroigne et Etta d’Œlders, une des grandes figures d’émancipées.

Le Club des citoyennes révolutionnaires, qui dura de janvier à novembre 1793, prit, sous la direction de Claire Lacombe, une part très active à toutes les luttes des partis. Lié à la faction des Enragés, dont le chef Leclerc était l’amant de Rose Lacombe, il fut le représentant de l’Extrémisme et, par son intransigeance, embarrassa parfois la Convention, qui prit le parti de le dissoudre.