Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/215

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dont le fond est d’une surprenante hardiesse, la forme ridicule parfois…

Olinde Rodriguès, banquier philanthrope qui, comme les fermiers généraux du précédent siècle, soutint les nouveaux philosophes de sa fortune et fut plus mystique qu’aucun d’entre eux…

Flora Tristan est la statue dont Claire Démar semble l’ébauche : elle aussi, réalisant Maison de Poupée, rompit les chaînes du mariage pour, bravant l’opinion commune, mener la dure vie de la femme seule ; exaltée, mais intelligente et ne manquant pas d’idées neuves, douée d’une beauté créole, ardente et sombre, elle charme et attire comme une femme fatale surgie vivante des contes romantiques.

Le dogme saint-simonien. — Dans leurs réunions périodiques, où assistent, mêlés, des hommes et des femmes, dans leurs journaux, dans d’innombrables brochures, les saint-simoniens ne cessèrent de prêcher l’intégral affranchissement de la femme. Pour eux, la base de toutes les réformes à venir est la disparition du mariage. Mais par quoi remplacer cette institution pour eux périmée ? Ici tous les saint-simoniens ne sont pas d’accord. Pour les uns, sur les ruines du mariage se dressera la Femme libre (cette femme libre que les caricaturistes de l’époque représentent massue en main, terrassant l’homme) ; débarrassée du joug masculin, elle se livrera, sans contrainte, à tous ses caprices ; « j’appelle à moi, dit une saint-simonienne, toutes celles qui n’ont pas eu le courage de résister à celui qui