Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/219

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féministes. Plus instruite de ses devoirs, plus apte à les exercer, la femme doit, dans la famille, sinon dans la société, être relevée et la mère être l’égale du père. Pourquoi n’aurait-elle pas le droit d’influer comme le père sur l’avenir de ses enfants ? Pourquoi, par exemple, son consentement ne serait-il pas aussi nécessaire que celui du père à leur mariage ?

Un autre groupe féministe fait siennes toutes les revendications des féministes chrétiennes et en ajoute d’autres. Ce groupe eut à sa tête une femme qui, à en juger par ses actes, fut active et hardie, Mme  Herbinot de Mauchamps, fondatrice en 1836 de la Gazette des Femmes. Cette revue, qui parut jusqu’en 1838, fut un véritable journal politique féminin. Rédigée presque exclusivement par des femmes, elle fut l’ancêtre de la Fronde. Ses campagnes, qui devaient toucher le public bourgeois, auquel elle s’adressait exclusivement, furent appuyées par un commencement d’action directe : des pétitions aux Chambres en particulier.

Prenant son parti de l’ordre de choses établi par la Charte et ne prétendant pas, comme les saint-simoniens, bouleverser de fond en comble la société, les féministes politiques, à l’image d’Olympe de Gouges qui, avec plus de raison d’ailleurs, extrait le féminisme de la Déclaration des droits de l’homme, prennent pour Évangile la Charte de 1830 et demandent que, dans les conditions prévues par la Charte, la femme, comme l’homme, puisse être citoyenne.

Mme  de Mauchamps et celles qui la suivent, telle la belle et célèbre amie de Chateaubriand, Hortense