Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

préoccupées de faire triompher la Révolution des menées aristocrates et de défendre la patrie contre les tyrans étrangers, les clubistes de 1848, laissant les hommes se débrouiller seuls pour affermir les conquêtes de leur liberté et pratiquant l’égoïsme sacré, sont, elles, résolument, exclusivement féministes. Le Club des femmes, fondé au début de la Révolution par Eugénie Niboyet, déjà leader de l’affranchissement depuis de longues années, le Comité des droits de la femme, le Club d’Émancipation des femmes furent de caractère nettement politique : la conquête du droit de suffrage pour les femmes, tel est leur but essentiel.

À côté de ces organisations en apparaissent d’autres, plus curieuses encore peut-être parce que tout à fait inconnues de la première révolution, et promises à un grand avenir : l’Association fraternelle des instituteurs et institutrices socialistes ; l’Association des femmes à gages ; le Club-Association des lingères ; l’Union des travailleuses, destinées à défendre, dans la dure lutte économique, les intérêts de la femme et ébauche des organisations syndicalistes féminines.

Et voici, qui distingue encore le mouvement féministe de 1848, une autre nouveauté : tandis qu’on discute dans les clubs, tandis qu’une société de femmes « adepte de la communauté absolue », les Vésuviennes, « pourvues au fond du cœur d’un volcan d’ardeurs révolutionnaires », manifestant sur la place Vendôme et à l’Hôtel de ville, se livrent aux ébats d’une chorégraphie faite pour scandaliser les bourgeois, Eugénie Niboyet, Jeanne Deroin et d’autres songent à agir sur l’opinion d’une plus persuasive