Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/230

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chées napoléoniennes ; et celles des femmes qui aspiraient plus haut que la traditionnelle vie familiale avaient vécu, auprès des poètes de la renaissance allemande, une vie romantique, traversée de crises d’âme et parfois de drames passionnels ou s’étaient, muses de la résurrection germanique, lancées côte à côte avec les hommes, à la tête du mouvement national.

À l’exemple de la reine Louise, grandes dames, femmes de lettres, étoiles des salons berlinois, jeunes émancipées de la brillante et généreuse aristocratie juive avaient de toutes leurs forces, de tout leur cœur, contribué à façonner l’Allemagne de la revanche.

Ensuite, c’est surtout dans le domaine sentimental que se manifestent chez les femmes allemandes, comme chez nos saint-simoniennes et George Sand elle-même, les tentatives d’émancipation. « L’affranchissement du cœur », tel est pour les historiennes allemandes le chapitre II de l’histoire du féminisme en leur pays. Mais en 1848 apparaît la première des féministes allemandes, Louise Otto.

À cette jeune Saxonne de vingt-cinq ans, une question qu’elle trouve posée dans un journal libéral : « Quelle doit être la participation des femmes aux intérêts de l’État ? » révèle sa vocation. Elle envoie une réponse enflammée : « La participation des femmes aux intérêts de l’État n’est pas, dit-elle, un droit, mais un devoir… Car, comme les hommes, les femmes ont une mission : porter, dans les myrtes, l’épée avec laquelle on combattra le bon combat. » Autrement dit, être les muses de la liberté. À ce rôle, Louise Otto s’essaya elle-même avec succès. Elle