Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/255

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concessions successivement, sauf le suffrage parlementaire. En 1870, la femme anglaise est électrice aux school boards (conseils scolaires) ; en 1875, électrice aux boards of Guardian (conseils de l’Assistance publique) ; en 1888, électrice aux conseils des bourgs et des comtés ; en 1894, éligible aux conseils de paroisse et aux boards of Guardian ; en 1907, éligible aux conseils des bourgs et des comtés.

Dans l’intervalle, le vote municipal a été donné aux femmes d’Écosse, et la minuscule île de Man, terre autonome, a généreusement accordé le suffrage à ses quelques milliers de citoyennes.

Mais le vote politique est la coupe de Tantale qui, toujours offerte, semble s’éloigner toujours. Pas une année ne s’écoule, entre la première victoire et la grande guerre, où les citoyennes du Royaume-Uni ne réclament l’électorat et l’éligibilité au Parlement ; pas une où elles ne trouvent un homme politique disposé à porter devant le Parlement même leurs revendications. Qu’il s’appelle Bright, Forsyth, Woodall, du nom du député qui le porte, chaque année est proposé le même amendement à la loi électorale. Mais si, « depuis 1865, il s’est rencontré chaque année un ou plusieurs députés pour déposer à la Chambre des communes des résolutions en faveur du suffrage féminin », si « vingt-trois de ces résolutions ont été prises en considération et discutées, aucune n’a pu parcourir la dernière étape de la carrière parlementaire ».

Favorables en théorie au vote politique des femmes, les politiciens anglais reculaient devant l’application pratique de leurs idées. Sans doute est-ce dans la persistance de l’esprit traditionaliste.