Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dès 1867, les femmes de la Nouvelle-Galles du Sud ont été pourvues du suffrage municipal ; les autres États australiens et la Nouvelle-Zélande (1886) ont suivi l’exemple. Et, sans aucun de ces longs arrêts sur le palier du vote municipal auquel sont condamnées leurs sœurs d’Angleterre ou de Suède, les Australasiennes continuent leur ascension vers l’égalité politique. Les revendications des féministes, telle l’amie de Stuart Mill, Mary Müller, sont activement soutenues par deux grands partis : le parti ouvrier et le parti de la tempérance, qui, l’un et l’autre, voient dans les masses féminines un puissant renfort.

Sur les politiciens néo-zélandais, l’influence de Stuart Mill est évidente. N’est-ce pas en effet parce que comme lui ils pensent, suivant le mot du premier ministre Joseph Ward, qu’ « écarter les femmes du suffrage, c’est perdre chaque jour une réserve illimitée de forces intellectuelles et morales », que les politiciens de l’hémisphère sud, après un simulacre de résistance, cèdent si facilement ? En 1893, pourvues enfin du bulletin de vote, les citoyennes des deux îles néo-zélandaises se précipitent presque toutes aux urnes. En Australie, la lutte est un peu plus longue. En quinze ans, pourtant (1893-1908), les femmes australiennes obtiennent l’électoral et l’éligibilité aux divers parlements et au Parlement fédéral.

Peu de traditions, peu de préjugés dans ces nouvelles démocraties : plante tropicale à prodigieuse croissance, le féminisme, à peine esquissé sous la plume d’une théoricienne, est adopté par la masse, consacré par l’élite et pleinement se réalise. Il passe