Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/258

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et triomphe. Heureuses femmes, s’écriait en 1912 une féministe française, heureuses femmes, pour qui le féminisme n’est plus qu’un souvenir !

Angleterre, Union américaine, Australasie, voilà les seuls pays où, à la fin du dix-neuvième siècle, le féminisme ait enregistré des succès marqués. Mais dans d’autres pays d’Europe le mouvement, à peine ébauché dans la période précédente, se développe à présent avec une ampleur à laquelle l’activité politique des Anglaises et des Américaines et les résultats, déjà appréciables, qu’a obtenus leur propagande, ne sont pas étrangers.

Bebel et le féminisme allemand. — Dans le leader socialiste Bebel, âme généreuse et que révoltaient toutes les injustices (il fut avec Liebknecht père le seul Allemand qui protesta contre la spoliation de la France), l’Allemagne trouve son Stuart Mill. Son ouvrage, la Femme et le Socialisme, paru en 1879, est, comme celui de Stuart Mill, et plus chaleureux peut-être, mais moins rigoureusement démonstratif, un éloquent plaidoyer en faveur de l’affranchissement de la femme. D’ailleurs, ce qui préoccupe le futur chef du socialisme allemand, c’est moins l’assujettissement politique de la femme que les tristes conditions de sa vie économique et les conséquences qui en résultent pour la santé physique et morale de l’humanité. Dès ce moment, il aperçoit la femme pauvre exilée du mariage, repoussée vers une vie de travail qui tue son corps et abêtit son esprit. Et, après avoir adjuré les socialistes