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droits civils et familiaux, les sujettes du roi Khéops, constructeur de la première pyramide, étaient plus favorisées que nos contemporaines.

L’égalité politique, l’égalité sociale des sexes, absolues comme l’égalité familiale en ces siècles reculés, eurent alors les plus curieuses conséquences. Pas de loi salique dans l’antique terre de Phtah. En la fille du Pharaon, comme en son fils, s’est incarné Osiris, âme de l’Egypte. Celle-là est donc, comme celui-ci, légitime héritière du trône. Cette raison justifie la loi qui impose au souverain d’Égypte d’épouser sa sœur.

Si le roi ne laisse pas d’enfant mâle, il transmet à son épouse ses droits sur la couronne. Elle les exerce au besoin elle-même, au nom de ses enfants comme en son nom personnel, « Une loi formelle, dit le plus antique historien de l’Égypte, permit aux femmes d’exercer la royauté. » Et que d’exemples illustres de grandes reines, aussi sages et fermes qu’une Blanche de Castille, aussi avisées qu’une Élisabeth d’Angleterre, aussi patriotiquement ambitieuses que Catherine II ! Parmi elles, bien au-dessus de Nitocris, la belle aux joues de roses, comme l’Alceste grecque, touchant symbole de l’amour conjugal, une éclatante figure se détache : la reine Hatasou. Celle-ci est, dans toute l’acception du terme, un grand souverain. Non seulement, à l’exemple de ses prédécesseurs, elle lance ses chars de guerre sur les routes du désert et dans la noire Nubie, mais, trois mille ans avant Salomon, elle arme ses galères pour la conquête des mystérieux pays de l’or, des perles, des aromates ; premiers conquistadors, ses marins voguent sur des mers inconnues, et, de leurs fabu-