Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/280

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rêvent d’une couronne plus austère et l’obtiennent : les deux plus sévères temples de la science, l’École normale, l’École des chartes, entrebâillent les portes du saint des saints. Un autre jour, il prend fantaisie à une jeune fille d’être élève de l’École centrale et de suivre, en compagnie de jeunes gens, les cours de préparation. L’opinion qui d’abord sourit ou se cabre accepte, et les pouvoirs sanctionnent. D’ailleurs les femmes n’ont-elles pas de leurs aptitudes scientifiques un précieux garant : Mme  Curie qui, après avoir partagé les travaux de son mari, partage aussi sa gloire et, Hypathie française, professe au Collège de France ?

Tant de femmes, d’autre part, se signalent par le zèle et la compétence qu’elles déploient dans l’étude des grandes questions sociales où sont intéressés la femme, l’enfant, et avec eux l’avenir du pays, que, spontanément et comme poussé par une force irrésistible, le gouvernement fait appel à leurs lumières. Une femme, Marie Bonnevial, est appelée au Conseil supérieur du Travail ; une autre, Mme  Avril de Sainte-Croix[1] siège aux côtés de Béranger, Milliès Lacroix, Brieux, dans la Commission de réforme de la police des mœurs ; les plus éminents littérateurs et politiciens (parmi eux M. Poincaré, les frères Margueritte, Marcel Prévost, Paul Adam), réunis pour délibérer sur la réforme du mariage, font place en leur compagnie à Mme  de Sainte-Croix, à Séverine, à Mme  Héra Mirtel (Mme  Bessarabo), à Mme  Schmalh, à Mme  Oddo Deflou… « Et le plus misogyne alors ne pourrait reprocher aux femmes de

  1. Auteur d’un bon ouvrage sur le féminisme.