Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/282

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électorales de Saint-Denis ; Hubertine Auclerc, dont le tempérament était celui des militantes anglaises ou américaines et qui fut une suffragette avant la lettre, entraîne, au cours des périodes électorales, quelques femmes à des manifestations assez violentes contre le suffrage prétendu universel. Un peu plus tard Mlle  Laloë se présentera aux élections municipales. De telles manifestations, prêtant à ces faciles plaisanteries dont l’influence est si forte sur le public, firent sans doute plus de mal que de bien à la cause.

Mais la même année où, avec l’exposition universelle, s’ouvre à Paris le troisième congrès féministe international, le féminisme gagne un puissant moyen d’action : Mme  Marguerite Durand, esprit hardi, intelligence souple, femme d’esprit en outre, passée de la Comédie française au féminisme, et dont l’aspect seul démontrait qu’une féministe ne renonce pas à plaire, fonde le premier journal quotidien, non seulement féministe, mais féminin. Des femmes ont organisé, composé, édité et rédigé entièrement la Fronde.

Bel effort qui groupa (1900-1906) toute l’élite féminine ! Bientôt le rayonnant faisceau se délia. Mais une belle expérience était tentée et réussie, et c’est par la Fronde que le pays commença de voir le féminisme non sous les espèces d’une curiosité littéraire issue du cerveau d’une fantaisiste rebelle, mais sous son large et humain aspect.

D’ailleurs, et quoiqu’on le veuille traiter par l’indifférence ou le mépris, le problème féministe