Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/283

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imprègne, et depuis longtemps, toute la littérature. Le théâtre de Dumas fils, déjà, envisage les rapports de l’homme et de la femme, non plus seulement sous l’angle psychologique, mais sous l’angle social. Après lui les plus grands de nos romanciers et de nos dramaturges s’engagent dans la même voie.

Paul et Victor Margueritte créent de beaux types de Femmes nouvelles, instruites de la vie, animées d’une belle flamme intérieure et révoltées contre l’injustice de la loi dictée par l’égoïsme mâle.

Jules Bois, dont l’Ève nouvelle s’inspire des plus récentes recherches de la sociologie, aperçoit la femme remontant sur le trône où elle siégeait dans un passé lointain, régénérant l’homme par son intelligence pleine d’amour comme elle l’avait, par son instinct de bonté et l’intuition des secrets de la nature, une première fois délivré de la barbarie. Mystique volontiers, il ressuscite le féminisme des Albigeois, de Postel et de Saint-Simon, dont d’ailleurs il ne laisse pas de se réclamer.

Marcel Prévost qui, dans les Demi-Vierges, présente des jeunes filles affranchies de toutes règles morales, peu différentes par ailleurs de la femme éternelle avec son inconséquence, sa séduction et son caprice, modèle puissamment les figures de ses Vierges fortes : Léa, Frédérique, qui se croient, par le seul empire de leur raison et de leur volonté, définitivement dégagées de la loi de l’homme et des servitudes du cœur et vivent libres dans les hautes sphères de la pensée… jusqu’au moment où Éros invincible les courbe, sanglotantes, à ses pieds. Cette fois tout le problème est posé : l’affranchissement de la femme fera-t-il d’elle une compagne plus