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mordial. Nulle autre raison que celles de la Bible, mais qui deviennent, semble-t-il, plus péremptoires depuis le sacrifice du fils de l’homme. Si le Christ est mort sur la croix, n’est-ce pas pour racheter le péché originel ? Et ce péché, qui, si ce n’est la mère commune, en a marqué les générations ? La femme est donc responsable du grand sacrifice. Comment pourra-t-elle l’expier ?

« Femme, s’écrie Tertullien, tu es la porte du diable. C’est toi qui as persuadé celui que le diable n’osait attaquer en face. C’est à cause de toi que le fils de Dieu a dû mourir ; tu devrais toujours t’en aller vêtue de deuil et en haillons ! »

« Adam a été conduit au péché par Eve, non Eve par Adam, dit saint Ambroise. Celui que la femme a conduit au péché, il est juste qu’elle le reçoive comme souverain. »

Mais le péché originel, la femme le renouvelle sans cesse en induisant sans cesse l’homme en tentation. Belle et frivole, elle continue par ses charmes menteurs, vrais mirages de l’enfer, à faire oublier à l’homme le soin de son salut. Elle reste sur la terre le plus habile lieutenant du Malin.

La faute d’Eve, donc, condamne la femme à la servitude. Quand la théologie catholique se sera constituée, quand la scolastique lui aura prêté son aide puissante, les docteurs de l’Église trouveront pour accabler la femme de nouveaux arguments aussi nombreux que subtils.

Pour saint Thomas, dont la Somme résume un moment de la pensée humaine, la femme est, par sa nature, inférieure à l’homme en vertu et en dignité. Elle n’a pas été, comme l’homme, créée immédiate-