Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/304

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bénéfice. C’est l’opération de l’anniècement qui se fait par devant le notaire.

Toutes les chanoinesses, abbesses, officières ou simples dames, tantes ou nièces doivent être nobles et faire preuve de deux cents ans de noblesse.

Aussi ne s’astreignent-elles pas à faire les travaux subalternes de la communauté. Ceux-ci sont confiés à douze aides et à des infirmières non nobles qui, simples sœurs converses, n’ont aucune prébende et n’ont droit à aucune dignité. L’ordre de Remiremont est en effet un ordre aristocratique où toute l’inégalité du monde est maintenue. Il est à remarquer d’ailleurs que, même dans les autres communautés, les novices ne jouissent pas des privilèges des professes et que, dans tel ordre, comme dans celui des Visitandines, les domestiques ne participent pas à la communauté des biens qu’ont mise entre elles les sœurs qui ont apporté leur dot. Ce n’est donc pas dans les couvents de femmes, non plus que dans le reste du clergé masculin ou féminin, qu’il faudrait chercher la pratique de l’égalité.

iii. Vie des religieuses

S’il est facile de connaître l’organisation des religieuses, il est moins facile, sauf exception, de connaître leur vie. Sans doute en avons-nous l’idée d’après les règlements des ordres en communautés. Ils diffèrent, il est vrai, sensiblement entre eux.

Tout près du monde encore, et à peine religieuses, les dames des chapitres nobles. Celles-ci, dont les chanoinesses de Remiremont demeurent le type accompli, ne sont astreintes à presqu’aucune des obligations de la vie monastique, si ce n’est celle du célibat. Elles ne sont pas tenues en effet à la résidence, sauf à un an de stage quand elles deviennent dames nièces, et à un séjour de trois mois par an, porté il est vrai à huit mois pour la doyenne et la secrète, mais dont l’abbesse elle-même se dispense parfois presque totalement.

Le costume est, sauf dans les cérémonies, celui du monde. « Elles sont vêtues, écrit au xvie siècle Montaigne, comme les autres dames, sauf un voile blanc sur la tête, et, à l’église, pendant l’office, un grand manteau qu’elles laissent sur leur siège du chœur[1]. »

Leur existence, brillante et luxueuse, se passe en réception et en fêtes.

  1. Cité par Mathieu. Loc. cit.