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CHAPITRE VIII
LES FEMMES ET LA VIE INTELLECTUELLE[1]
i. Les femmes de lettres. Confessions féminines. — ii. Romans, poésies. — iii. Philosophie et histoire. — iv. Femmes de science : Mme  du Châtelet. Les femmes et les découvertes scientifiques. — v. Les salons. Leur influence.
i. Confessions féminines, lettres, mémoires

Le rôle joué par les femmes du xviiie siècle dans la vie intellectuelle, et littéraire particulièrement, de leur époque, offre deux aspects. Une production littéraire féminine, très abondante et très variée se développe, si abondante que la fin de l’ancien régime ne le cède guère à l’époque de Louis-Philippe et au début du xxe siècle pour le nombre des femmes de lettres et leur fécondité. D’autre part, le xviiie siècle est l’époque où la vie intellectuelle et la vie mondaine furent le plus étroitement liées, où celle-là dépendit davantage de celle-ci. Tenant la première place dans la vie mondaine, les femmes, même lorsqu’elles ne sont pas elles-mêmes auteurs, surtout pourrait-on dire lorsqu’il n’en est pas ainsi, exercent une influence considérable sur la vie littéraire et toutes les manifestations de l’intelligence. Elles gouvernent la République des lettres et leur goût influe sur celui des littérateurs professionnels ; leur action contribue à répandre les idées lancées par les philosophes et à en pénétrer peu à peu l’opinion. À ces différents points de vue, le rôle joué par les femmes dans la vie intellectuelle de leur époque est capital. Il importe d’en déterminer les aspects.

  1. Nous ne prétendons pas faire une étude complète de cette question qui, à elle seule, fournirait le sujet d’un volume et sur laquelle on a écrit des centaines de bons ouvrages. Nous désirons seulement ne pas laisser complètement de côté cet aspect du rôle des femmes au xviiie siècle, bien qu’il soit très connu, et le faire rentrer dans le cadre de notre étude.