Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/121

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tera de la même façon que, sous les règnes précédents, l’influence des favorites. Elle l’aura comme femme, non comme reine, l’exercera par des intrigues et dans l’ombre, non officiellement et comme l’application de ses droits. Car, à la veille de la Révolution, tandis que le roi a, en théorie, conservé toutes ses prérogatives, la reine n’en a plus aucune. Et, au cours de la première période de la Révolution où cette question sera posée, on lui contestera même, et on lui retirera, ses droits à la régence.

Les princesses de la famille royale viennent immédiatement dans l’ordre hiérarchique après la reine : filles du roi et belles-filles du roi sous Louis XV, tantes et belles-sœurs du roi sous Louis XVI. Ni les unes, ni les autres n’ont de place officielle dans l’État. Mais chacune est entourée d’une maison où le personnel de dames d’honneur et de dames d’atour est très nombreux et où règne une étiquette, moins scrupuleuse il est vrai que celle dont est esclave la reine, mais encore fort absorbante. Si Louis XV pénètre familièrement et à l’improviste dans les appartements de ses filles, les visites que celles-ci font à leur père sont réglées suivant un rigoureux cérémonial. Autour des deux dauphines, sous Louis XV, autour de la comtesse d’Artois et de la comtesse de Provence, sous Louis XVI, c’est une véritable cour en miniature… Les princesses de la famille royale, d’ailleurs, ne jouent au xviiie siècle, — et à part à certains moments les filles de Louis XV — qu’un rôle très effacé. Parmi elles, d’ailleurs, une hiérarchie marquée par les titres : la femme du frère du roi s’appelle Madame, les filles et sœurs du roi font suivre le titre de leur prénom, les autres n’y ont pas droit. Au troisième degré de la hiérarchie viennent les princesses du sang, celles de la famille d’Orléans, d’abord, la plus proche du trône, puis celles de la famille de Condé. Comme les princes du sang eux-mêmes, elles sont orgueilleuses, remuantes et en perpétuelle rivalités unes avec les autres.

Elles sont jalouses de leurs prérogatives et de leurs titres et plus acharnées souvent à les défendre que les hommes. Surtout, elles sont préoccupées de sauvegarder les droits éventuels de leurs fils ou de leurs maris à la succession au trône de France.

Autour de chacune des princesses du sang se presse une cour nombreuses de femmes et chacune tend à imiter par quelque côté la cour royale.

Ces princesses du sang se considèrent comme d’une essence supérieures aux autres femmes nobles et elles le marquent par la rigueur avec laquelle elles exigent de celles-ci le respect de leurs préséances. À l’enterrement de la princesse palatine, il y eut une scène violente