Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/213

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chante d’un primitif, se détache par fortune en pleine lumière. Bien d’autres nous apparaissent plus estompées : un grand nombre de femmes, veuves ou vieilles filles, se firent ainsi des orphelins une grande famille.

Naturellement, les femmes ont participé, en grand nombre et d’une façon fort active, à l’établissement, à l’organisation et au fonctionnement des établissements hospitaliers qu’elles fondent et développent par des dons aussi bien que par des legs.

Celles-ci donnent une somme d’argent, minime parfois, pour commémorer des événements tristes ou joyeux : la mort d’un enfant, une naissance, un mariage ; d’autres consacrent une somme importante, deux ou trois mille livres, à la création ou à l’extension de la maison hospitalière[1]. Il en est qui fournissent le local où sera établi l’hôpital[2], Les hôpitaux de Bar, de Roanne, de Lisieux, de Grenoble, d’Aubusson, de Guérande, entre autres, durent ainsi leur développement aux initiatives féminines.

Dans l’organisation et le fonctionnement des institutions hospitalières, les femmes tiennent une place très importante.

L’Hôtel-Dieu de Bayeux fut fondé, en 1643, par une simple bourgeoise qui a consacré à cette fondation la moitié de sa fortune ; elle y installa cinquante religieuses occupées, nuit et jour, au soin des malades.

À cet hospice, comme à celui du Bon Pasteur de Lisieux, fondé pour le retour au bien des filles de mauvaises vie, de femmes laïques se trouvent à côté des religieuses pour former un conseil de surveillance ou d’administration. Il en est de même dans un très grand nombre d’autres hôpitaux dont le règlement prévoit expressément l’institution d’un conseil de dames notables de la ville.

Parfois, celles-ci ajoutent à leurs attributions administratives dans les hôpitaux celles d’économes des pauvres. Elles se réunissent et nomment les officières et surveillantes à qui incomberont la visite et la surveillance des pauvres dans chaque quartier[3].

Enfin, dans bien des régions, il ne s’agit plus seulement de la surveillance des hôpitaux. Les hôpitaux sont entretenus par des associations locales recrutant leur personnel parmi des femmes qui arrêtent des règles auxquelles elles se soumettent, mais sans prononcer de vœux[4].

  1. Arch. Départ., Loire, B. 667.
  2. Arch. Départ., Meuse, B, 943 ; Ille-et-Vilaine, H, 1331 et 2539.
  3. Arch. Départ., Calvados, H. 1128.
  4. Arch. Départ., Creuse, Introduction à la série H. par F. Autorde.