Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/256

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où elles peuvent prendre une large part à l’administration[1]. Il est à remarquer que c’est de tous les hospitalisés sans distinction et non de ceux du sexe féminin seulement que les femmes ont à s’occuper. Dès ce moment, donc, on a jugé que les femmes étaient particulièrement aptes à collaborer étroitement à l’organisation et au développement d’institutions charitables que, bien souvent d’ailleurs, l’initiative féminine avait fondées.

x. Les servantes, soubrettes, cuisinières et nourrices

Au milieu du prolétariat féminin, les domestiques forment une catégorie à part qui, leur vie étant continuellement mêlée à celle de la bourgeoisie, prend des habitudes et un tour d’esprit différent de celui des autres femmes de leur classe. Elles viennent d’ailleurs de couches sociales assez différentes. La plupart sont d’origine campagnarde ; celles qui suivent les grandes familles possédant des propriétés terriennes sont recrutées directement sur les domaines seigneuriaux ; d’autres quittent la campagne pour se placer chez les bourgeois provinciaux ; d’autres encore sont venues à la ville pour exercer l’un des métiers ouverts aux femmes : industrie de la mode et de la couture, petits métiers divers, et, ne réussissant pas à gagner leur vie, par inexpérience, malchance ou chômage, sont contraintes à se placer. Quelques-unes enfin, c’est un cas assez fréquent parmi les soubrettes de la capitale, appartiennent à la petite bourgeoisie ; elles sont filles de petits fonctionnaires provinciaux qui ont été attirés par la grande ville, par le goût du luxe et la recherche de l’aventure. Et il semble bien que celles-là soient plus nombreuses au xviiie siècle qu’elles ne l’étaient au siècle précédent. La meilleure preuve en est que si le théâtre du xviie siècle nous montre des servantes ignorantes et balourdes, tout au plus animées d’un gros bon sens rustique, le théâtre du xviiie siècle nous fait voir, lui, des servantes plus fines, plus distinguées et souvent fort instruites. Leurs portraits doivent correspondre en partie à la réalité.

Il faut d’ailleurs distinguer parmi les domestiques bien des catégories, très différentes suivant le milieu où elles servent, le lieu où elles travaillent et la spécialité qu’elles exercent.

Dans les familles modestes de la bourgeoisie provinciale, la

  1. Règlement organisant l’administration de l’hôpital général de Grenoble Arch. Départ., Isère, E. 24.