Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/277

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Quelles sont, au village, les occupations des femmes ? Avant tout, bien entendu, les occupations agricoles. Mais celles-ci se réduisent parfois aux soins purement domestiques, de la préparation de la nourriture du mari et des valets, de la basse-cour, de la laiterie. La plupart du temps la femme n’est pas employée aux durs travaux du dehors. « Dans le Maine elle ne bat pas le grain, dans le Berry elle reste presque oisive[1]. »

D’autre part, les travaux agricoles ne suffisent pas en effet à donner de l’occupation à toutes les femmes, celles-ci, à la campagne comme à la ville, se livrent à mille petits métiers qui leur donnent une ressource lorsqu’elles ne cultivent pas la terre et dont le produit s’ajoute au revenu, souvent trop maigre de leur champ.

Celle-ci a chez elle une petite boutique où elle vend de la toile ou du suif[2].

D’autres, très nombreuses, tiennent, lorsqu’elles possèdent une maison bien placée à l’entrée d’une route, un cabaret.

D’autres ont installé près de leur maison, lorsqu’elle est située sur le bord d’un ruisseau, une petite teinturerie[3].

D’autres encore ont l’entreprise de l’abatage des bêtes, sont bouchères, charcutières, meunières et exercent ces métiers, non comme épouses de bouchers, de meuniers ou de charcutiers, mais de leur propre chef[4].

Certaines exercent des fonctions bien particulières à une région donnée : en Bretagne, il existe des matrones chargées de laver les nouveau nés ; en Provence, des pleureuses et qui suivent les enterrements.

Enfin, il arrive que certaines fonctions de caractère administratif leur soient confiées. Dans tel village, une femme reçoit l’adjudication de la dîme du vin[5] ; en Savoie, il est fréquent de les voir regrattières, vendre le sel dans le village après avoir acheté leur privilège aux enchères[6].

Naturellement, au village comme à la ville, les femmes les plus pauvres sont fréquemment ouvrières et servantes.

Des journalières parcourent les campagnes, vendangeant, fau-

  1. Procès-verbaux de l’Assemblée provinciale du Berri, cités par Babeau (Paysans et artisans).
  2. Arch. Départ., Finistère, B. 291.
  3. Arch. Départ., Cher, E. 1434.
  4. Abatage de toutes les bêtes d’un marchand boucher à Marie-Geneviève Bequier, femme engagée. Arch. Départ., Cher, E. 2102.
  5. Arch. Départ., Seine-et-Oise, E. 4274.
  6. Arch. Départ., Savoie, introduction.