Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/303

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du couvent, une assemblée qui, vis-à-vis de ces officières, pouvoir exécutif, joue un véritable rôle de pouvoir législatif. Cette assemblée se compose de toutes les religieuses, à l’exception des novices. Elle nomme la supérieure, l’économe, l’assistante, la zélatrice et délibère avec elles sur toutes les affaires intéressant la communauté. Cependant, sauf dans des cas bien déterminés, l’assemblée n’est que consultative : elle donne des avis que la supérieure n’est pas obligée de suivre. Ces avis, pris à la pluralité des voix, deviennent impératifs lorsqu’il s’agit d’aliéner les biens du couvent, de recevoir ou d’exclure une sœur[1].

L’ordre de Remiremont a, lui, une organisation plus compliquée. À côté de l’abbesse qui est, en théorie, élue par le chapitre de chanoinesses, mais en réalité par le suzerain, duc de Lorraine ou roi de France, suivant les époques, et qui, souvent établie dans la fonction abbatiale dès le berceau[2], souvent hors de sa résidence, n’exerce la plupart du temps qu’une autorité purement nominale, se trouvent deux hautes dignitaires entre les mains desquelles est placée en fait l’administration : la doyenne et la secrète, l’une et l’autre élues par l’assemblée capitulaire et confirmées par l’abbesse. La doyenne, véritable doublure de l’abbesse, exerce en pratique, pendant les longues absences ou la minorité de l’abbesse, toutes les fonctions et prérogatives de celle-ci (nomination aux offices, présidence du tribunal qui juge les causes civiles, juridiction ecclésiastique). La secrète a en mains toute l’administration financière qui est très importante et parfois dispute à la doyenne l’administration générale de la communauté.

Au-dessous de ces deux dignitaires qui manifestent leur importance en trônant, lors des assemblées, dans les fauteuils semblables à celui de l’abbesse, et seulement un peu moins élevés, se trouvent dix-huit officières, affectées à la direction du chœur et aux revenus de l’Église. Parmi les simples chanoinesses on distingue encore les dames tantes et les dames nièces. Les premières, pourvues d’un bénéfice ou prébende sur les revenus du chapitre, ont droit de désigner une jeune fille pour leur succéder dans tout ou partie de leur

  1. Constitution pour les sœurs de la Visitation. Paris, 1818.
  2. En 1702 Gabrielle, fille du duc de Lorraine, Léopold, fut constituée abbesse de Remiremont à l’âge de 5 ans.