Dans le Bas-Languedoc, les seigneuries féminines sont nombreuses[1]. Celles de la marquise d’Aramon sont particulièrement importantes[2].
Le Haut-Languedoc et la région pyrénéenne paraissent, à la veille de la Révolution, un pays où la proportion de propriétés féminines est plus forte que dans les pays voisins. À la veille de la Révolution, les seigneuresses (on en relève une dizaine dans chacun des départements de l’Ariège, des Hautes-Pyrénées, de la Haute-Garonne, du Gers), dont quelques-unes sont qualifiées de haute puissante dame (par exemple la haute et puissante dame de Foix et Comminges), possèdent d’importants domaines comprenant souvent plusieurs seigneuries. Celle-ci, la dame Petit de Moissac, tient les baronneries de Montastruc, d’Arbois, de Ronède, de Saint-Martin, de Fougeron[3] ; la baronnerie de Ronède était auparavant possédée par la dame de Montlezun[4] ; la dame Perrette de Bebran, qui n’est que la veuve d’un négociant de Toulouse, est seigneuresse d’Eux, Bezins et Garroup ; la dame Rieufouille est seigneuresse de Salies ; Toinette de Galtier est seigneuresse de Talfairac et d’Escoussols[5] et co-seigneuresse de Siron.
Dans le Gers, une quinzaine de propriétaires terriens exercent les droits féodaux du fait de leurs femmes. Mais la province où, au xviiie siècle et à la veille de la Révolution, les femmes possédant et exerçant des droits seigneuriaux apparaissent de beaucoup les plus nombreuses, est celle de Bretagne. Dans les régions correspondantes au département de l’Ille-et-Vilaine, mais surtout du Morbihan et des Côtes-du-Nord, c’est par centaines qu’on les compterait. Les unes sont veuves, comme la dame d’Uzel, veuve de Charles de Rochechouart, pair de France[6] ; d’autres, bien qu’en puissance de mari, comme Madeleine du Hallouguet, duchesse de Coislin (et un très grand nombre de nobles dames sont dans son cas), exercent elles-mêmes leurs droits féodaux.
Nombreuses, en effet, sont les femmes mariées qui possèdent des domaines auxquels sont attachés des droits seigneuriaux et exer-