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d’éducation ; souvent composés grâce à l’initiative des académies de provinces, qui mettent au concours la question de l’éducation des filles, ils sont d’inégale valeur. Mais quelques-uns d’entre eux, — outre ceux de l’abbé de Saint-Pierre, — ceux de Mme de Miremont, de Mme Leprince de Beaumont, de Mlle Cosson et Riballier, de Mme Genlis[1], se distinguent par leur caractère pratique et par leur esprit résolument parfois inconsidérément réformateur. Tous se placent d’abord au point de vue pratique.

« Les femmes, dit l’abbé de Saint-Pierre, doivent connaître un peu d’histoire et de géographie, les principales lois, pour qu’elles puissent entendre avec plaisir ce qu’en diront les hommes, un peu d’astronomie pour faire usage de l’almanach, quelque chose sur les causes de plusieurs effets naturels : la grêle, la neige, le tonnerre[2]. »

Tous demandent que l’on fasse une place dans l’enseignement féminin à la littérature française moderne et aux sciences expérimentales.

Sans préciser davantage sa pensée, La Chalotais avance que « l’instruction en langue vulgaire devrait être presque tout entière à leur usage » [3] (des femmes). C’est en somme l’idée d’un enseignement moderne féminin. Presque tous les réformateurs en sont imbus.

Le programme de l’auteur anonyme des Lettres sur l’éducation reste encore modeste : la littérature et la langue française, l’histoire, la morale, la physique expérimentale, l’histoire naturelle, voilà tout le bagage. L’abbé Reyre, qui repousse la poésie et les romans comme coupables d’exciter dangereusement l’imagination, ne va guère plus loin ; par contre, il insiste sur l’importance de la géographie et des travaux manuels (couture, broderie).

La bibliothèque qu’il met à la disposition des jeunes filles est

  1. Abbé de Saint-Pierre. Projet pour perfectionner l’éducation, 1728 ; Projet pour perfectionner l’éducation des filles, 1730, Anon ; Lettres sur l’éducation des femmes et leur caractère en particulier, Saint-Omer, 1759. — Mme Leprince de Beaumont. Magasin des jeunes dames ou instructions pour les jeunes dames qui entrent dans le monde, 1764. — Grégory. Legs d’un père à ses filles, 1774. — Joséphine de l’Escure, dame de Monbart. Sophie ou l’éducation des filles, 1777. — Comtesse de Miremont. Traité de l’éducation des femmes, 1779. — Riballier et Mlle Cosson. De l’éducation physique et morale des femmes, 1779. — Lezay Marnézia. Plan de lectures pour une jeune dame, 1784. — L’abbé Reyre. L’école des jeunes demoiselles, — Le Masson le Goff. Lettres relatives à l’éducation, 1788. — Abbé le More, Principes d’institution.
  2. Projet pour perfectionner l’éducation des filles.
  3. La Chalotais. Essai d’éducation nationale, 1763.