Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/471

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Le Tiers-État de Touraine dénonce cette loi (qui obligeait les femmes à faire, sous peine de mort, cette déclaration) comme signe des temps les plus barbares et il en demande formellement l’abolition.

Le préjuge d’infamie qui s’attachait aux filles-mères était en train de disparaître ; les lois cependant le consacraient. Il s’agissait de mettre les lois en harmonie avec les mœurs. En somme, les rédacteurs des cahiers paraissent, lorsqu’ils abordent la question de la maternité, directement inspirés par les écrivains qu’avant eux la question a préoccupés. C’est la sanction pratique des plus réalisables de leurs idées qu’ils réclament des États.

Les rédacteurs des cahiers suivent également les idées des réformateurs du xviiie siècle, lorsqu’ils constatent la situation misérable du plus grand nombre des femmes du peuple et s’efforcent d’y apporter des remèdes.

Nous avons vu poindre au xviiie siècle le féminisme économique, c’est-à-dire la revendication pour les femmes du droit de gagner leur vie ; on en trouve dans les cahiers quelques échos. La mendicité, constate un assez grand nombre d’entre eux, est l’un des plus grands fléaux des campagnes. Comment faire pour l’éteindre ? La plupart du temps on n’envisage que des mesures charitables capables d’apporter au mal une atténuation passagère et toute locale.

La proposition la plus fréquemment émise est la multiplication des ateliers de charité qui existaient depuis longtemps déjà, nous l’avons vu, dans certaines provinces, et où les femmes sans ressources devaient pouvoir trouver du travail.

Tel est le vœu de la commune d’Arcey[1] et de la ville d’Angoulême.

Cette organisation suppose l’institution de bureaux de charité où sont appelées les personnes honorables de l’un et l’autre sexe[2].

D’autres cahiers vont plus loin et conçoivent qu’on n’obtiendra de résultats vraiment sérieux qu’en commençant par une réforme

  1. Cahier d’Arcey (bailliage d’Amont) ; Cahier du bailliage d’Amont, par Abensour et Godard, tome I ; Cahier de la ville d’Angoulème ; cahier du clergé de Chartres ; cahier du chapitre de Carrouges (diocèse de Séez), etc., qui demandent des « établissements formés pour occuper les mendiants des deux sexes ».
  2. Cahier du clergé de Chartres.