Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/104

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Ensuite, et c’est la une critique qu’on a souvent adressée de nos jours à l’éducation des jeunes filles, on vise à faire de la jeune fille une « oie blanche », pour employer l’expression de M. Marcel Prévost, c’est-à-dire un être timide aux yeux baissés, ignorant tout des réalités de la vie. Ainsi son éducation, « faussée dès l’enfance[1], » la laisse désemparée lorsqu’elle se trouve aux prises avec les difficultés de la vie[2].

Enfin, à tous les vices de cette éducation, vient s’ajouter, si la jeune fille est élevée dans un couvent, un autre défaut non moins grave. Dans les établissements d’instruction religieux, où six cent vingt mille filles étaient élevées[3], la femme, dit Micbelet, reçoit des principes et des habitudes d’esprit absolument opposées à celles qu’a reçues son mari. Il lui est impossible d’être en communion d’idées avec ce dernier, et de là résulte le désaccord dans tous les ménages[4].

  1. La Femme libre, no 10.
  2. Claire Brunne, préface d’Ange de Spola.
  3. D’après Michelet, la Femme, le Prêtre, la Famille. (Livre III, chap. i.)
  4. Ibid. (Chap. II, III, IV, livre IV.)