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sera jugé que par ses juges naturels », comparaître, lorsqu’elles sont accusées, devant des tribunaux de femmes. Il ne s’agira pas pour cela de faire des femmes des magistrats de profession (aucun féministe, chose curieuse, n’a songé à le demander), mais seulement de munir les femmes d’un des droits civils que possèdent les hommes : celui d’être jurée[1]. Voilà un droit, dit Mme de Mauchamp, que l’on serait mal fondé à refuser aux femmes sous prétexte de leur ignorance, car « vous le savez, messieurs, dit-elle, en s’adressant aux députés[2], l’ignorance la plus complète, le manque d’intelligence poussé jusqu’aux frontières de l’idiotie… ne sont pas pour les hommes un motif d’exclusion ». En conséquence, Mme de Mauchamp demande que le jury soit composé de douze hommes et de douze femmes, qui siégeront ensemble aux assises. La même réforme, demande-t-elle plus tard, doit être étendue aux tribunaux de commerce ; les femmes doivent comme aux assises y siéger à côté des hommes, car « les

  1. La Gazette des Femmes, janvier 1837.
  2. Pétition présentée à la Chambre. Ibid.