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VIII
LE FÉMINISME

par des campagnes acharnées, tandis que socialistes et républicains laissaient ces malheureuses à un traitement de famine, quinze à vingt sous par jour. Quels quolibets de 1830 à 1848, lorsque des propagandistes hardies, appartenant aux groupes les plus divers, chrétiens ou libres penseurs, réclamaient leur accession aux professions libérales et parlaient de femmes professeurs, d’avocates, de doctoresses ! Le droit de tester, de faire partie des tribunaux de commerce, d’obtenir la Légion d’honneur à mérite égal, la recherche de la paternité, le relèvement des salaires féminins, « à travail égal, salaire égal », le droit de disposer de ses biens, les modifications à apporter au code Napoléon pour le mariage, enfin le rôle social de l’Ève moderne paraissaient des monstruosités à une époque peu lointaine de la nôtre.

Pourtant, à peu près seule, une élite de militantes élaborait ces transformations au milieu des insultes et des sarcasmes. Maintenant, nous en sommes aux droits municipaux et politiques, qu’une commission de notre parlement a reconnus justifiés. Nos « suffragistes », sans bruit, et même sans casser de vitres, ont fait