Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/18

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peu, n’étant guère que des pamphlets, polémiquent aussi bien avec la Revue des Deux Mondes et la Gazette de France qu’avec le Peuple, le journal du socialiste Proudhon. George Sand clôt le bec à M. de Kératry, qui, alors auteur célèbre et vieillard cacochyme, lui conseillait de ne pas faire de livres, mais de faire des enfants. « Gardez le précepte pour vous-même », lui répondit l’auteur de Lélia. Les antiféministes abusent d’ailleurs de ces arguments fossiles, qui proviennent d’impressions partiales ou résultent de préjugés invétérés, admis par eux comme des aphorismes évidents. Leurs propres raisonnements, que la sensibilité domine, se retournent contre eux et démolissent leur thèse, si décrépite déjà.

Avouons que cet état d’esprit, séculairement faussé, caractérise aussi bien ces détracteurs au vingtième siècle que leurs prédécesseurs en d’autres temps. La légèreté, la mauvaise foi, l’ignorance de la question sont telles chez eux que, loin de démontrer l’infériorité de la femme, ils finiraient par nous faire croire à celle de l’homme. En 1844, la Comédie-Francaise, nous conte M. Abensour