Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme un seul être ». Vœ soli ! s’écrie l’Ecclésiaste. L’homme seul, la femme seule sont d’avance condamnés dans leur doctrine comme dans leurs actes. Ils sont malheureux et parfois funestes. Le citoyen implique la citoyenne. La patrie a besoin de l’un et de l’autre et ne doit plus les séparer dans leurs obligations, leurs fonctions et leurs attributs.

Les émancipatrices d’alors, comme celles du vingtième siècle, ne renonçaient pas à ces prérogatives que certains sophistes imaginent inconciliables avec les nouvelles aspirations. La plus révolutionnaire, cette délicieuse et effrénée créole Flora Tristan, affirmait que « la mission de la femme est d’inspirer l’homme, d’élever son âme au-dessus des vaines opinions du monde, de l’obliger à se rendre capable de grandes choses. » Il n’est pas jusqu’aux stratégies de la guerre aujourd’hui déclarée par certaines émancipatrices, surtout anglaises, à l’homme récalcitrant, qui ne soient formulées déjà par les Françaises du règne de Louis-Philippe. La Gazette des femmes, en mars 1837, conseille de « briser une pendule ou une glace quand le mari lève la main sur sa femme »,