Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/238

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personnages sont presque identiques à ceux de Molière. Mais la pièce finit d’une manière assez originale. Un ami du mari lui conseille de laisser pendant quelque temps la direction de toutes les affaires à sa femme. Celle-ci, d’abord triomphante, doit vite en rabattre ; il lui faut reculer devant l’exposé d’un procès que Beauvais (l’ingénieux conseiller du mari) charge à dessein des termes juridiques les plus barbares. Elle doit se déclarer impuissante à donner un ordre de Bourse (le jargon de la finance est aussi incompréhensible pour elle que celui des tribunaux), et reconnaître

Que parfois les maris sont bons à quelque chose.

L’exposé d’un projet parlementaire sur la pêche de la morue achève de la mettre en déroute. Revenue au juste sentiment de ses forces, se rendant compte que, pour les femmes, « le pire est d’être libre », elle rend à son mari le sceptre qu’elle avait tant réclamé.

Que tend à prouver cette amusante petite pièce ? Une seule chose : c’est que l’éducation que reçoit une femme la rend incapable