Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/288

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nées de travail et l’insuffisance des salaires. Alors que les ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui sont unanimes à réclamer la journée de huit heures, l’ouvrière de 1848, bien plus modeste, borne ses désirs à l’obtention de la journée de douze heures ; car sa journée dure en général seize, quinze ou au moins quatorze heures. Cela ressort clairement d’une pétition adressée par les ouvrières blanchisseuses au gouvernement provisoire : elles y exposent que leur journée, commencée à six heures du matin, finit à huit heures du soir, et demandent, en conséquence, la suppression de deux heures de travail, c’est-à-dire la journée de douze heures.

Les ouvrières n’étaient pas plus favorisées au point de vue des salaires. Il est reconnu aujourd’hui qu’il est impossible à une ouvrière de se suffire avec trois francs par jour. Eh bien ! même en tenant compte de la différence de valeur de l’argent, la condition de l’ouvrière moderne est très enviable, comparée à ce qu’était celle de l’ouvrière en 1848 : « Combien de femmes travaillent douze heures pour moins de trente sous…