Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/351

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dant certains traits communs qui suffisent à les différencier du féminisme — ou mieux des féminismes — dont les manifestations se déroulent sous nos yeux. De 1830 à 1850, toutes les féministes réclament le droit de vote comme l’aboutissant de toutes les autres réformes. Aucune n’a conçu cette idée ingénieuse, aujourd’hui couramment professée, que le droit de vote doit précéder toutes les autres réformes, comme en étant la condition nécessaire, puisque « les législateurs font les lois pour ceux qui font les législateurs ».

Si nous cherchons à quelle catégorie sociale appartenaient alors et appartiennent aujourd’hui les féministes, nous constaterons — fait vraiment paradoxal — que les ouvrières, même sous Louis-Philippe, venaient alors en grand nombre écouter le prêche d’émancipation et qu’il n’en est plus de même aujourd’hui. Sauf réaction qui tend d’ailleurs à se produire, le féminisme est, non certes par ses tendances, mais par son personnel, de caractère nettement intellectuel et bourgeois. Mais beaucoup d’hommes éminents par le talent