Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/111

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qui en reviennent. Partout sont installés des postes de fortune, le plus souvent incommodes et étroits ou l’on se tiendra de jour et de nuit, par tous les temps par toutes les saisons pour préparer pansements sommaires, aliments, reconstituants. Il leur faudra subir le froid les intempéries, piétiner souvent de longues heures dans la neige fondue, lutter, sous les lumières clignotantes des lampes fumeuses contre le sommeil et l’engourdissement. Qu’importe ? elles seront bien récompensées de leurs peines à l’arrivée des trains et des convois. Quand les combattants de la veille ou du lendemain aperçoivent la coiffe ou la cornette, leur visage s’éclaire d’un sourire. Seuls les grands blessés restent immobiles tous les autres se redressent, se lèvent, penchent leur tête par les portières, s’avancent à la porte du wagon. Celui-ci conduit au milieu des camarades leur bienfaitrice, indiquant à celle-ci les plus gravement atteints ceux qui ne peuvent ni remuer ni parler et ont besoin de soins immédiats. Ceux-là descendent sur le quai, engagent avec les dames des conversations animées, racontent leurs campagnes, disent leurs espoirs et parfois laissent à l’aimable infirmière quelque modeste et précieux souvenir, balle prussienne, bouton frappé de l’aigle impérial, casque à pointe qu’elle conservera toute sa vie comme une relique de la grande guerre. Les brocs de lait, les bols de bouillon, les tasses de chocolat, le café fumant, les cigarettes, mille douceurs, parfois superflues, parfois proscrites par des règlements sévères, mais si bien accueillies sont distribuées par des mains caressantes. Et seules ces haltes nombreuses ont pu