Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/239

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planches de sapin et confectionner elle-même le cercueil. Un peu plus tard c’est le frère aîné qui tombe.

Et l’étranger toujours plus s’incruste au sol natal.

Pourtant, onze mois de cette vie terrible ne peuvent amener la jeune fille au découragement. Tous les jours elle espère, tous les jours elle voit la délivrance. Et, en septembre 1915, son attente pleine de foi est enfin récompensée. Les Anglais préparent, en liaison avec nos troupes, la première de leurs grandes offensives. La rumeur en pénètre par delà les lignes allemandes et quand en pleine nuit se font entendre les grosses pièces d’artillerie de nos alliés, Émilienne Moreau est joyeuse, mais pas trop surprise. « Elle bondit au grenier de sa maison ; tout le pays secoué et vibrant danse devant elle, ici le mont de Lens et celui de Vermelles, là le mont de Hulluch et la fameuse côte 70.

Toute la vallée de Loos rougeoie sous une voûte de feu, sonne comme une gigantesque enclume sous le formidable marteau de la guerre ». De la lucarne, Émilienne Moreau observe avec passion, avec angoisse le drame dont elle domine les effrayantes péripéties. Est-il exact, comme le dit une relation de son exploit que, pendant trois jours, elle soit restée ainsi sans nourriture, sans sommeil ? Peut-être. En tout cas indifférente au danger, d’un même élan, d’une même âme, elle vibre avec les libérateurs.

Ceux-ci se rapprochent, les Écossais sont à l’avant-garde et l’on entend bientôt, accompagné de l’antique cornemuse s’élever le God Save the King.

La Marseillaise sera bien à l’unisson. Et la timide