Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/331

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En même temps qu’elles, combat une jeune femme sur laquelle déjà se forment des légendes. Le soldat Tchinin sur la personnalité duquel varient les journaux russes. Pour les uns c’est une jeune ouvrière, enrôlée sous un nom d’emprunt, pour d’autres une étudiante qui ayant rejoint à Kiew a réussi à se faire accepter sous le nom de son frère.

Elle fait campagne quelques mois à la fin de 1914. Blessée dans un des combats de Galicie, elle est faite prisonnière par les Autrichiens et évacuée sur Opatow. Un mois après, la ville est reprise par les Russes. Guérie, elle rentre dans le rang, puis est affectée au service du transport des munitions. Blessée deux fois légèrement, elle refuse de se laisser évacuer. Mais une balle vient la frapper en pleine poitrine. Elle tombe et on épingle la croix de Saint-Georges sur la capote du brave. À l’hôpital on s’aperçoit que ce brave est une femme. Lui laissera-t-on l’étoile glorieuse qui jusqu’alors fut réservée au sexe fort ? Ainsi en décide le Tsar et le soldat Tchinin est la première femme décorée de la croix de Saint-Georges.

Dans des conditions moins extraordinaires, mais toujours glorieuses, la même campagne de Galicie et de Hongrie est suivie par une infirmière qui, en janvier 1915 quitta Lemberg pour se rendre à Tarnow auprès de l’État-major de la 3e armée. Celle-ci forme l’extrême avant-garde et avec elle Maria Spera Meteleff franchit les cols des Carpathes et pénètre en Hongrie ; elle partage l’enthousiasme délirant des soldats qui, persuadés d’un succès rapide, vont animés d’une aussi belle flamme