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prend les cartes pour la première fois. On estime que ses gains de l’année 1841 doublèrent son revenu et au delà. Mais rien ne dure en ce monde, pas même le bonheur au jeu : il en fit bientôt l’expérience. La liquidation de 1848, qui mit à nu tant de misères, lui apprit qu’il était ruiné sans ressource. Il aperçut sous ses pieds un abîme sans fond. Un autre aurait perdu l’esprit ; il ne perdit pas même l’espérance. Il alla droit à sa femme et lui dit gaiement : « Ma chère Marguerite, cette maudite révolution nous a tout pris. Nous n’avons pas mille francs à nous. »

La duchesse ne s’attendait pas à semblable nouvelle. Elle songea à sa fille, et pleura amèrement.

« Ne craignez rien, lui dit-il ; c’est un orage qui passe. Comptez sur moi ; je compte sur le hasard. On dit que je suis un homme léger ; tant mieux ! je reviendrai sur l’eau. »

La pauvre femme essuya ses larmes et lui dit :

« Bien, mon ami ! Vous travaillerez ?

— Moi ! Fi donc ! J’attendrai la Fortune : c’est une capricieuse ; elle est trop bien avec moi pour me quitter de but en blanc sans esprit de retour. »

Le duc attendit huit ans dans un petit appartement de l’hôtel de Sanglié, au-dessus des écuries. Ses anciens amis, dès qu’ils eurent le temps de se reconnaître, l’aidèrent de leur bourse et de leur crédit. Il emprunta sans scrupule, en homme qui