Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/188

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à Paris vers l’année 1810, il croyait connaître la ville. C’est pourquoi il ne manqua pas de s’y perdre en arrivant. Mais, dans les divers quartiers qu’il parcourut au hasard, il admira les grands changements qu’on avait faits en son absence. Fougas adorait les rues bien longues, bien larges, bordées de grosses maisons uniformes ; il fut obligé de reconnaître que l’édilité parisienne se rapprochait activement de son idéal. Ce n’était pas encore la perfection absolue, mais quel progrès !

Par une illusion bien naturelle, il s’arrêta vingt fois pour saluer des figures de connaissance ; mais personne ne le reconnut.

Après cinq heures de marche, il atteignit la place du Carrousel. L’hôtel de Nantes n’y était plus ; mais en revanche, on avait achevé le Louvre. Fougas perdit un quart d’heure à regarder ce monument et une demi-heure à contempler deux zouaves de la garde qui jouaient au piquet. Il s’informa si l’Empereur était à Paris ; on lui montra le drapeau qui flottait sur les Tuileries.

« Bon, dit-il ; mais il faut d’abord que je me fasse habiller de neuf. »

Il retint une chambre dans un hôtel de la rue Saint-Honoré et demanda au garçon quel était le plus célèbre tailleur de Paris. Le garçon lui prêta un Almanach du commerce, Fougas chercha le bottier de l’Empereur, le chemisier de l’Empereur, le cha-