Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/236

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précieux : les villes de Grèce n’ont rien fait de plus pour notre pauvre vieil Homère. S. A. R. le Prince Régent voulut le voir en personne naturelle, et pria M. Hirtz de l’amener au palais. Fougas se fit un peu tirer l’oreille : il prétendait qu’un soldat ne doit pas frayer avec l’ennemi, et se croyait encore en 1813.

Le prince est un militaire distingué, qui a commandé en personne au fameux siège de Rastadt. Il prit plaisir à la conversation de Fougas ; l’héroïque naïveté de ce jeune grognard le ravit. Il lui fit de grands compliments et lui dit que l’empereur des Français était bien heureux d’avoir autour de lui des officiers de ce mérite.

« Il n’en a pas beaucoup, répliqua le colonel. Si nous étions seulement quatre ou cinq cents de ma trempe, il y a longtemps que votre Europe serait dans le sac ! »

Cette réponse parut plus comique que menaçante, et l’effectif de l’armée prussienne ne fut pas augmenté ce jour-là.

Son Altesse Royale annonça directement à Fougas que son indemnité avait été réglée à deux cent cinquante mille francs, et qu’il pourrait toucher cette somme au Trésor des qu’il le jugerait agréable.

« Monseigneur, répondit-il, il est toujours agréable d’empocher l’argent de l’ennem… de l’étranger. Mais, tenez ! je ne suis pas un thuriféraire de Plu-