Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/94

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mon témoin, je veux qu’il me bénisse ! C’est bien le moins qu’il puisse faire pour moi, après tout ce que j’ai fait pour lui. Dire que, sans mon obstination, vous alliez l’envoyer au muséum du jardin des Plantes ! Je lui conterai cela, monsieur, dès qu’il pourra nous entendre, et il vous coupera les oreilles à son tour ! Je vous aime !

— Mais, répliquait Léon, pourquoi subordonnez-vous mon bonheur au succès d’une expérience ! Toutes les formalités ordinaires sont remplies, les publications faites, les affiches posées : personne au monde ne nous empêcherait de nous marier demain, et il vous plaît d’attendre jusqu’au 19 ! Quel rapport y a-t-il entre nous et ce monsieur desséché qui dort dans une boîte ? Il n’appartient ni à votre maison ni à la mienne. J’ai compulsé tous les papiers de votre famille en remontant jusqu’à la sixième génération et je n’y ai trouvé personne du nom de Fougas. Ce n’est donc pas un grand-parent que nous attendons pour la cérémonie. Qu’est-ce alors ? Les méchantes langues de Fontainebleau prétendent que vous avez une passion pour ce fétiche de 1813 ; moi qui suis sûr de votre cœur, j’espère que vous ne l’aimerez jamais autant que moi. En attendant, on m’appelle le rival du colonel au bois dormant !

— Laissez dire les sots, répondait Clémentine avec un sourire angélique. Je ne me charge pas d’expliquer mon affection pour le pauvre Fougas, mais je