Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/177

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nous entendre fort bien, quoiqu’elle ne sût pas un mot de français, et que l’amour, ce grand maître en tous arts, n’eût pas songé à m’apprendre le grec. Plus d’une fois même, il me sembla qu’elle me montrait du regard la porte de la chambre, qui donnait sur le salon.

— Oh !

— Ne te scandalise pas ; elle ne songeait point à mal ; et d’ailleurs ses parents n’étaient pas loin. Je remarquai à temps que toute la famille protégeait la liberté de nos amours. Le père ne paraissait pas ; deux grands drôles de frères s’éclipsaient soigneusement ; la mère vigilante ne veillait qu’aux soins du ménage. Je flairais tout un régiment d’oncles et de cousins, invisibles et présents. Un jour je jetai un coup d’œil à la dérobée dans cette chambre virginale : elle n’avait qu’une issue, et les fenêtres étaient grillées comme celle d’une souricière. Tu comprends que j’eus soins de ne m’y point aventurer. En désespoir de cause, sais-tu ce que fit la famille ?

— Elle te fit violence ?

— À peu près. Un jour, après déjeuner, en présence de tout le monde, la candide enfant s’évanouit, et prit soin de tomber dans mes bras. Là-dessus, tout le monde s’enfuit, père, mère, frères et servantes.

— En te laissant la fille sur les bras ?

— Dans les bras.

— Et c’est toi qui l’as délacée ?

— Avec tous les égards que je me devais à moi-même, et en homme qui tient à rester garçon. Quinze jours après, on m’a raconté l’histoire d’un autre