Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/289

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Non. Était-il possible d’emprunter à des conditions moins onéreuses qu’on ne l’a fait ? Non. La Grèce a-t-elle profité des 23 millions qu’elle a reçus ? Elle en a beaucoup plus profité que des 60 qu’elle a empruntés sous la garantie des trois puissances ; car ces 23 millions lui ont servi à conquérir son indépendance, et les 63 autres ne lui ont servi à rien.

Est-il juste d’alléguer que le prêt était usuraire ? Non, car en devenant les créanciers du peuple grec, les prêteurs faisaient une spéculation aléatoire ; et l’événement l’a prouvé, puisqu’ils n’ont touché ni capital ni intérêts. Je maintiens qu’ils étaient très généreux, ou, si l’on veut, très téméraires, et que si, aujourd’hui, le gouvernement régulier de la Grèce essayait d’ouvrir un emprunt, aucun banquier, aucun capitaliste ne lui prêterait 23 millions contre un billet de 57.

C’est qu’en 1824 le peuple grec n’avait pas eu le temps de se discréditer lui-même.

C’est que le pays n’avait pas encore démontré qu’il était incapable de vivre.

C’est que les gouvernements de Tripolitza et de Nauplie offraient, à tout prendre, des garanties morales que le gouvernement régulier du roi Othon n’offre plus.

En 1846, la presque totalité des obligations de cet emprunt se négociait en Hollande. Une obligation de 100 francs se vendait 5 ou 6 francs. Aujourd’hui, la conduite du gouvernement grec leur ôte toute valeur, et celui qui les payerait un centime serait dupe.