Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/314

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dicule, et le reste est à l’avenant. Le palais est une masse carrée, construite en marbre pentélique. Pour élever ce monument, on a fait sauter avec la poudre les plus beaux marbres du monde ; on les a employés comme des moellons, et on les a très proprement recouverts de plâtre. La façade du nord ressemble à une caserne, à un hôpital ou à une cité ouvrière. Les trois autres, qui sont ornées de portiques grecs, rappellent au voyageur le joli vers d’Alfred De Musset :

Comme un grenier à foin, bâtard du Parthénon.

Le palais n’a ni communs ni dépendances : il a donc fallu renfermer dans le même carré ce que la majesté royale a de plus sublime et ce que la nature humaine a de plus humble. En parcourant les corridors, on rencontre les odeurs infectes de la cuisine, du corps de garde, etc. Cette disposition maladroite condamne tous les employés mariés à habiter hors du palais : la maison ne serait plus tenable s’il y avait des enfants. Rien n’est grand, dans ce palais énorme. Les corridors sont étroits et les escaliers mesquins. Les architectes qui l’ont construit sont deux hommes de talent, célèbres en Allemagne ; mais ils se sont fourvoyés, ou on leur a forcé la main.

Ce chef-d’œuvre a coûté 10 millions de francs. Il n’y a dans tous les appartements qu’une salle vraiment belle. C’est la salle de bal, décorée de beaux stucs et d’arabesques dans le goût de Pompéi. Mais on vient de la faire gâter par un barbouilleur italien qui y a peint de grandes figures ridicules, telles que Tyrtée vêtu d’un casque et jouant de la lyre.