Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/329

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laisser faire caporal, et il attendit patiemment les galons de sergent. Il les attendit longtemps. Un jour, il perdit patience et retourna à la montagne. Il n’avait pas tué trois hommes qu’on s’empressa de le nommer sergent.

Il est officier aujourd’hui, sans avoir eu d’autres protecteurs que les gens qu’il a mis en terre.

Il s’est rencontré un commandant de la gendarmerie qui voulait sérieusement détruire le brigandage. En quelques mois il a fait rentrer tous les brigands sous terre. Mais on s’est hâté de le destituer. Il avait sapé les fondements de la société.

Deux voyageurs de ma connaissance, au moment de partir pour une province infestée de brigands, s’avisèrent d’aller demander un sauf-conduit aux grands personnages qui patronnent les principales bandes ; mais une réflexion les arrêta en chemin : « Si ces messieurs, par bonté pour leurs employés, allaient les avertir sous main et leur faire présent de nos bagages ! Mieux vaut compter sur le hasard que sur la magnanimité d’un grec. » Ils se mirent en route sans sauf-conduit.

Ils faillirent s’en repentir. Un jour qu’ils avaient gravi tout seuls une montagne escarpée, ils regardaient paisiblement le paysage, lorsqu’ils se virent entourés par trois Pellicares et trois fusils. Ils étaient traqués de trois côtés ; ils s’échappèrent par le quatrième, et redescendirent la montagne beaucoup plus vite qu’ils ne l’avaient montée. Les trois porteurs de fusil eurent beau leur crier : « Arrêtez ! arrêtez ! » cette invitation n’eut pas même la vertu de leur faire retourner la tête. Un des deux fugitifs m’a assuré que