Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/338

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devant de moi vit de loin l’embarras où je me trouvais ; il courut à Calandri, et ramena tout le village à mon secours. Lorsque ce malheureux Bibichi se vit condamné à fuir sans son argent, il prit congé de moi, mais d’un air si désappointé que les larmes me vinrent aux yeux. Je lui donnai dix francs qu’il reçut avec reconnaissance. Il y a du bon chez ces gens-là.

— Oui, dit la comtesse Janthe ; mais ils ont quelquefois des idées bien bizarres. Avez-vous entendu dire ce qu’ils ont fait de messieurs X, Y et Z ?

— Non, madame.

— Eh bien, il m’est impossible de vous le raconter. Mais vous, ne savez-vous pas quelque histoire de brigands ?

— Hélas ! Madame, aucune. Vous savez qu’en France ce genre d’industrie n’est pas assez encouragé par les lois. Ma seule aventure m’est arrivée en Grèce, et je vais vous la dire.

— Avez-vous eu bien peur ?

— Un peu. C’était pendant ma dernière excursion en Morée. Nous étions dans un pays de montagnes, loin de tout secours humain, et, pour comble d’embarras, engagés dans un défilé plus étroit que les Thermopyles. « Alerte ! » cria un agoyate. Une troupe d’hommes de mauvaise mine, tous armés jusqu’aux dents, couraient sur nous bride abattue. Le chef de la bande, monté sur un cheval très-présentable, se distinguait par un costume qui eût fait fortune au théâtre. Il n’était débraillé qu’à demi, comme il convient à un voleur de bonne race, et la férocité de son visage était tempérée par un certain air de grandeur.