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MADELON.

« C’est révoltant, disait le comte.

— C’est superbe disait l’attaché.

— C’est le comble de l’impertinence !

— Soit ; mais l’impertinence lui sied bien. On est grand seigneur, ou l’on ne l’est pas.

— Il n’y a plus de grands seigneurs !

— Tu vois bien que si !

— Je lui aurais prouvé que non, si j’avais été dans la foule !

— Il s’agit bien de toi ! On sait à qui l’on s’adresse, que diable ! Il n’a tapé que sur la canaille.

— Raison de plus ! c’est lâche.

— Non, car ces gens-là étaient mille contre un, et il risquait de se faire assommer.

— On lui aurait rendu justice, mon cher Belley.

— Mon cher Mayran, je ne t’ai jamais vu si peuple !

— C’est sans doute parce que tu ne t’es jamais montré si gentilhomme !

— Ksss ! ksss ! mords là ! » fit un nouvel interlocuteur, en allongeant ta tête entre les deux amis.

Celui qui entrait si familièrement dans le dialogue était un joli garçon de vingt-huit à trente ans. On l’appelait Gérard Bonnevelle, et tout le monde l’aimait bien, entre le rond-point des Champs-Élysées et le boulevard de Tortoni. Neveu de l’honorable M. Champion, député, directeur général au ministère de la marine, etc., etc., il s’était laissé nommer sous-rédacteur au cabinet de S. Exe. le ministre de l’agriculture et du commerce mais sa véritable profession consistait à échanger des poignées de main avec les jeunes Parisiens de son âge. Sa belle moustache brune, son courage bien prouvé, sa bonne humeur et une certaine réputation d’homme d’esprit lui avaient fait une autre spécialité : il était à la mode dans les petits boudoirs. Les femmes qui font profession de n’aimer rien trouvaient le temps de l’ado-