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des compositeurs nerveux, des poëtes brûlés par la fièvre, des peintres ivres de gloire, des chanteuses de haute fantaisie qui jettent plus de bonnets par-dessus les moulins que toutes les modistes de Rome n’en ont jamais fait. Bonnes gens que nous sommes !

Commençons par les gens de théâtre, et vous verrez comme ils ressemblent peu aux portraits qu’on nous en a donnés. Le directeur est un homme qui a un peu d’argent à risquer. Il demande la permission de jouer la comédie pendant trois mois dans une des salles de la ville ; un protecteur répond de sa moralité ; la police consent : le voilà directeur. L’an dernier, il était marchand de campagne ; l’année prochaine, il spéculera sur les fournitures de l’armée ; en ce moment même, si la recette ne va pas bien, il se rattrapera sur la pêche des anchois, dont il a le monopole.

La salle où il tendra ses rets au public est une sorte de puits avec des loges tout autour et le parterre au fond. Comptez six rangs de loges toutes pareilles et disposées dans le même ordre que les fenêtres d’une maison. Le parterre et l’orchestre ne font qu’un ; il y a des banquettes commodes et l’on y circule aisément. Les loges se louent pour la saison ou pour la soirée, à des prix excessivement doux ; elles sont meublées de chaises de paille ; le locataire est libre d’y mettre des fauteuils. L’éclairage coûte peu, car la salle est un peu moins noire qu’un four. Les réparations consistent en une couche de détrempe qui ne se renouvelle pas souvent.

L’administration se compose de deux employés, dont l’un vend les billets dans une boutique voisine, et l’autre les reçoit à l’entrée du parterre. Pas de contrôle, pas