Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lieux qu’elle habite, mais comment s’y trouve-t-elle avec Raymond ? comment est-il là ?

— Raymond, combien de jours as-tu passés loin de moi ?… combien d’heures ?

Et sa main se pose sur son front… puis, rappelant ses idées, elle recule devant la réalité.

— Raymond était marié… à Milan… mais où est sa femme ?… depuis deux ans il ne l’a donc pas vue !… Anna ! mais elle a toujours été loin de lui, elle aussi !… et qu’est-ce donc alors que cet homme qui la suivait dans ses courses lointaines ? qui donc la guidait de son bras et de son courage au-dessus des glaciers et des précipices ?… Frappée d’une terreur que chaque instant accroit, Anna n’ose qu’en tremblant lever les yeux sur Raymond… Il lui semble que ce Raymond que sa folie lui a fait aimer pendant ces deux années est une infidélité à Raymond lui-méme, celui qui est devant elle, celui qu’elle aime. Elle pleure… elle souffre, mais elle se dit que tout doit être ainsi, que la volonté de Dieu est qu’elle souffre.