Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/139

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Enfin, vers minuit, elle demanda et obtint de Raymond qu’il irait prendre du repos. Il la quitta plus heureux qu’il ne l’avait été depuis bien des mois et même des années… La nuit qui suivit cette journée mémorable dans l’existence de ces deux êtres faits l’un pour l’autre, et que tout séparait sans qu’ils eussent mérité leur malheur, cette nuit le fut encore plus peut-être que tout ce qui l’avait précédé. Elle fit naître un nouveau sentiment dans le cœur de Raymond, et révéla à Anna toute l’étendue de la passion qui dévorait sa vie… En la revoyant si belle, uniquement préoccupée de lui, pendant les deux années qu’elle avait passées dans sa solitude, tout lui révélait qu’il y avait un mystère dans l’existence d’Anna auquel il n’était pas étranger… l’aimait-elle ?… À cette pensée, son cœur se dilatait comme sous une pensée heureuse et inattendue ; mais il rejetait bientôt cette Idée et retombait dans celle, toute de malheur, que lui donnait sa jalouse tendresse.