Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/284

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qu’ils ne savent pas conduire ; de ces femmes qui brodent et font de mauvais tableaux qu’elles obligent à prendre pour en faire des loteries pour les pauvres, dont elles ignorent le nom et la demeure !… Je vous ai parlé de notre société enfin qui juge et qui tue avec la parole, comme l’assassin avec le poignard, l’empoisonneur avec le poison… et cela selon son bon plaisir, selon son caprice plutôt !… C’est ainsi que se font les réputations du monde… un homme est jugé par une coterie composée de quelques vieilles femmes dont il aura chansonné les prétentions, de quelques jeunes dont il aura dédaigné les amours ou deviné les intrigues, et de quelques hommes dont les prétentions dans la route du monde auront été froissées par celui cité à la barre de ce tribunal plus effrayant que celui des francs-juges ; car du moins dans la terre rouge[1] venait-on frapper

  1. On appelait ainsi la Westphalie, chef-lieu du tribunal secret, et là où le principal tribunal tenait ses séances.